Le jardin japonais

jardin japonais

Le jardin japonais est un lieu atypique de Toulouse. Objet de curiosité pour les uns, source de tranquillité pour les autres, chacun y trouvera un prétexte à la flânerie ou à la méditation. Situé en centre-ville, ce petit coin de verdure aux inspirations nippones sera assurément, le temps d’une balade, un véritable voyage au pays du Soleil-Levant.

Trouver l’entrée du jardin japonais se révèle être une véritable aventure en soi. Le promeneur devra au préalable plonger au cœur du jardin Compans Caffarelli et traverser un dédale de petits chemins ombragés. Patience et témérité seront les maîtres-mots dans ce périple où il n’est pas impossible de s’égarer dans une impasse, voire même de se retrouver nez à nez avec un dragon… Pour compliquer la quête, aucune indication ne vous sera donnée par d’hypothétiques panneaux de signalisation ; il ne faudra compter que sur votre instinct. Mais lorsque la chance sourit, apparait alors devant vous un grand portique de bois clair laissant entrevoir une végétation exotique. Le voyage peut alors commencer.

jardin japonais

Le jardin japonais : un écrin de verdure baigné de silence

Le pied à peine posé dans l’enceinte du jardin et les arbres venus d’Extrême-Orient s’offrent déjà aux visiteurs. Le bruit de la ville s’estompe, laissant place à un calme propice à la sérénité. De petits sentiers entrelacés invitent les promeneurs à choisir une direction. Les plus sages choisiront un chemin large et lumineux, longeant la muraille qui ceinture le parc. Les plus téméraires préfèreront se jeter à corps perdus au travers des bouquets de bambous.

Dans cette végétation venue d’Asie, des voix enfantines se font entendre : « Et cette plante, comment elle s’appelle ? ». Alors, les grands arrêtent leur promenade pour s’attarder sur les panneaux d’information. Ici, un érable au feuillage rouge. Là, un arbuste taillé en nuage. Ces petites touches méthodiquement répartis selon la tradition, rythment les chemins et attisent la curiosité de chacun.

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Le pavillon de thé

Au cœur du jardin, se dresse une grande bâtisse de bois juchée sur pilotis. Il s’agit du pavillon de thé. L’architecture typiquement japonaise confère à cet édifice une élégance certaine. A l’intérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières, quelques visiteurs s’amusent à faire danser leur silhouette sur les portes-fenêtres aux cloisons translucides. Les rires finissent par se dissiper dans un silence de contemplation lorsque apparait le panorama de la face sud du bâtiment.

L’extérieur du Pavillon s’ouvre en effet sur le reste du parc. Accoudé à la balustrade, un groupe de touristes s’émerveille du spectacle proposé. À leurs pieds s’étend un petit lac paisible animé de ses habitants : en surface, des carpes koï ondulent lascivement dans un tourbillon d’écailles rouges et blanches. Quelques mètres plus loin, un couple de tortues se prélasse au soleil sur les rochers émergés, tandis qu’une bande de grenouilles barbote bruyamment dans la vase. Enfin, aussi discret que majestueux, un héron observe la scène depuis la rive opposée.

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Le jardin japonais : une oasis de sobriété et de simplicité

Le promeneur poursuit toujours plus loin son exploration. Le voilà à présent face à une passerelle bordée de bambous géants. Ici, tout se joue en hauteur. Les longues cannes aux feuilles oblongues tirent des traits infinis vers le ciel. La traversée de ce couloir végétal ne dure que quelques mètres. C’est à la sortie, débouchant sur une large ouverture lumineuse, que le visiteur saisit toute la puissance du lieu. Le parc est dans son ensemble une composition subtile, une harmonie entre l’ombre et la lumière, un contraste entre l’horizontalité et la verticalité, un équilibre entre le mouvement et l’inertie.

Le jardin japonais se révèle ainsi être un véritable tableau de maître où chaque élément est disposé à sa juste place. Pour peindre une telle toile, les jardiniers ont privilégié l’élégance des choses simples plutôt qu’une accumulation d’agencements complexes. D’ingénieuses perspectives invitent le regard à naviguer d’un point précis à un autre : un arbre, un rocher, une rivière. Dans cet espace épuré de toutes fioritures, certains y verront une dimension poétique ou contemplative, alors que d’autres y trouveront un cadre parfait à leur activité méditative.

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L’élément minéral, une composante essentielle à l’harmonie du lieu

Dans un jardin, la verdure est la pièce maitresse du lieu, mais l’espace manquerait d’un certain équilibre si la roche n’était pas associée au végétal. Ainsi, les flâneurs croiseront assurément au détour de leur chemin, des morceaux de granit sortant de terre ou émergeant de l’eau, chacun évoquant tour à tour une montagne, une île ou même la carapace d’une tortue. Au sol, des dalles de pierre appelées « pas japonais » tracent en pointillés de petits chemins à travers le gazon. Galets et ardoises sont également souvent utilisés : disposés aux pieds des arbustes ou en bord de rivière, ces éléments offrent à leur environnement une dimension graphique au travers de leurs caractéristiques naturelles. Enfin, des sculptures de roche telles que des lanternes en pierre viennent apporter une touche artistique empreinte de mystère.

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Le jardin zen

Le jardin japonais de Toulouse propose également la découverte d’un jardin zen, autrement appelé jardin sec. Composé principalement de graviers, de rochers et de mousse, cet espace s’ouvre au visiteur comme une mer de tranquillité. Le travail du jardinier et de son râteau offre au promeneur une création graphique riche de formes, de reliefs et de textures. Les lignes sinueuses soigneusement tracées dans le gravier, évoquent tout naturellement les ondulations d’un plan d’eau, tandis que les rochers disposés selon la tradition bouddhiste suggèrent la représentation d’îles ou d’animaux venus d’Extrême-Orient : tortue et grue symbolisant respectivement longévité et bonheur.

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Scène quotidienne capturée au jardin japonais

Installé à l’ombre d’un arbre au tronc tordu, un jeune homme cherche à saisir la poésie de l’instant en compagnie de son vieux carnet de voyage. Le voilà plongé dans une observation silencieuse. Autour de lui, rien ne bouge. En quête d’inspiration, il se mord la lèvre inférieure. Les minutes passent sans qu’aucune ligne ne soit inscrite jusqu’à ce que la conversation gazouillante d’un groupe de moineaux attire son attention. Le débat énergique des piafs monte crescendo et l’échange tourne au pugilat : les volatiles s’ébrouent dans la poussière des allées, rebondissent les uns sur les autres dans un nuage de cris et de plumes. Porté par cette énergie, le jeune poète sort son stylo et gratte les premiers mots. Mais c’était sans compter l’arrivée d’un enfant, attiré par tout ce chambardement. En une fraction de seconde, les emplumés s’envolent et disparaissent. De cette petite chamaillerie, seuls dix mots ont pu être inscrits. Le poète semble cependant satisfait ; ce sera un haïku.

Un article de Stéphane Reynier avec la complicité de Valentine Marchou

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Pour en savoir plus :
Wikipédia

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